Bunker, Pantin, text by Flora Fettah
2019
Bunker, Pantin March 8Th-16Th 2019
Sponsored by Blast
Text by Flora Fettah
Lorsque l’on pénètre dans le bunker de Flora Citroën, l’on entre dans un territoire mi-intime, mi-public, où fictions, souvenirs et fantasmes se mêlent : « chez elle, c’est rien d’autre qu’elle-même. ». Le bunker, symbole du refuge post-apocalyptique, abrite une intimité brute : l’artiste y révèle les tensions à l’œuvre dans la construction de nos identités, tiraillées entre affirmation de notre individualité et sentiment d’appartenance à une myriade de clans. Cette oscillation permanente entre nos allégeances successives entraîne une multitude de choix possibles, du rejet à l’adhésion inconditionnelle, entre lesquels mille-et-une nuances existent ; l’aboutissement de cet arbitrage résultant in fine des possibilités qui nous seront laissées de concilier nos individualités. Celles-ci émergent de nos communautés : couple, famille, amis, profession, classe sociale, comme autant de cercles concentriques forgeant les îlots de notre identité.
Le bunker est un lieu de vie : tour à tour refuge et prison, il cristallise les souvenirs et les rêves de l’artiste comme du visiteur, reflet d’instants passés et potentiels. En cette qualité, il est un territoire singulier, hésitant entre l’espace domestique et le lieu public, devenant un interstice temporel et spatial dans lequel ironie et nostalgie se déploient.
Le bunker est un îlot : dans Pantin, dans l’architecture qui l’abrite, dans le quotidien du visiteur et dans l’esprit de l’artiste. Il est une parenthèse scintillante et dérangeante où l’artiste invente et nous invite dans l’espace intime du clan, où communautés et individualités se rencontrent, se heurtent et coexistent. De cette boîte à souvenirs de béton l’on ne peut ressortir tout à fait semblable, tant les récits s’y déroulant risquent d’entrer en écho avec nos propres chimères. En nous frayant un passage entre les îlots de sequins, qui sont autant d’interstices mémoriels claniques, nous découvrons un paysage urbain fantasmagorique dont le mobilier rencontre celui de l’espace domestique et du lieu de vacances. Contraints par des objets pourtant éphémères et fragiles, dérangés par des odeurs et des voix emmêlées dont on ne parvient plus à distinguer l’origine, nous suivons, dans notre parcours labyrinthique, les images, comme les indices d’histoires dont on ne sait si elles sont réelles ou fictives, nous-même îlots à la dérive dans ce bunker-océan.
When we enter in FC’s bunker, we penetrate a half-intimate half-public territory, in which fictions, memories and fantasies shuffle: « her home is nothing else than herself. »
Symbol of the post-apocalyptic safe haven, the bunker shelters a raw intimacy. The artist reveals here the ongoing tensions arising in our identity building; torn between affirming our individuality and the feeling of belonging to a myriad of clans. This permanent oscillation between our successive allegiances involves a host of possible choices, from reject to unconditional adherence, between which thousands of existing nuances; the culmination of this arbitrage, in fine, results from the contingencies we will be given in order to conciliate our diverse individualities. Those are coming from our communities: couple, family, friendship, profession, social class, as concentric circles forging islets of our identity.
The bunker is a living space: alternately refuge and prison, it crystallize the artist’s memories and dreams as well as the visitor’s, reflecting past and potential instants. As such, it constitues a unique territory, both domestic and public space, becoming a spatial and temporal interstice in which array irony and nostalgia. The bunker is an islet: in Pantin, in the architecture housing it, into the visitor’s everyday life and the artist’s mind. It is a sparkling and disturbing parenthesis where the artists invents and invites us in the intimate space of the clan, where communities and individualities meet up, collide and coexist. We cannot get out of this concrete memory box the exact same we were, as the stories told in it may echo our own chimeras. Opening our way through the sequins islets as we could wander through remembrance and « clanic » little gaps, we discover a phantasmagoric, domestically and vacation-style furnished urban landscape. Obliged by ephemeral and fragile objects and disturbed by entangled smells and voices that we dont get to distinguish the sources, we follow in our mazing path the images as several clues to stories it is unknown whether they are real or fictional, we ourselves are like islets drifting in this ocean-bunker.
Flora Fettah
Photos Romain Darnaud